Deborah Graulou
Claire Saslawski
TPE 2004 - 2005
Lycee La Merci, Montpellier
L’oeuf
1- La constitution de l’œuf
1- La
coquille
2- Le blanc
3- Le centrage du jaune
dans le blanc, une affaire de physique
2- Les émulsions
1- Le
principe de l’émulsion
2- Exemple de
mousse : Les blancs en neige
3- Du sel et de
l’acide pour faciliter la montée des blancs en neige ?
3- La cuisson
1- La
dénaturation et la coagulation
2- Quelques conditions
de cuissons et leur influence
Introduction
L’œuf est un aliment de choix parce qu’il contient une grande quantité
d’éléments nutritifs, c’est une excellente source de protéines indispensables à
la croissance. Il est couramment utilisé en cuisine mais très rarement sous sa
forme originelle ( c’est à dire liquide ), ce qui nous a amené à nous
demander :
Quelles sont les modifications physico-chimiques subies par
l’œuf en cuisine ?
Pour répondre à cette question, une étude des constituants de
l’œuf est nécessaire. L’examen des émulsions dues aux caractères particuliers
de ses composants occupera une seconde partie. Enfin, l’analyse des réactions
liées à la dénaturation des protéines expliquera les propriétés liantes des
œufs.
1) La coquille
Seule partie non consommable de l’œuf, la coquille représente
une barrière physique qui empêche toute pénétration microbienne tout en
permettant les échanges gazeux, c’est à dire, échappement de CO2,
introduction de O2 et d’humidité. Elle préserve ainsi les qualités
internes de l’œuf de consommation. Elle est constituée pour 95% de minéraux :
Carbonate de calcium sous forme de cristaux de calcite. De plus sa structure
lui permet de résister à 3kg en pression statique pour une épaisseur de
coquille de 0,33mm.
Deux membranes composées de minces couches de fibres protéiques
sont situées entre la coquille et le blanc et adhèrent à ceux-ci.
De plus, si on exerce une pression aux deux extrémités de
l’œuf, les forces se compensant
celui-ci ne casse pas.
-Oeuf
moyen entier : 59,60g
-Blanc d’œuf : 36,45g
-Jaune d’œuf : 16,19g
-Coquille : 6,77g
2) Le blanc et le jaune
Le blanc est formé de deux couches : l’albumen épais et
l’albumen plus liquide. Le premier entoure le jaune alors que le second se
trouve à la périphérie, contre la membrane de la coquille. Le blanc, ou albumen
est constitué pour 54% d’une protéine : l’ovalbumine. Celle-ci est soluble dans
l’eau et est composée de quatre chaînes d’acides aminés qui lui
confèrent une forme de globule. Conalbumine, ovomucoïde et ovoglobine sont
minoritaires.
Le blanc contient également de l’eau et des minéraux. En
excluant le poids de la coquille, le blanc représente les deux tiers du poids
de l’œuf. Les chalazes contenues dans l’albumen sont une paire de cordons
d’albumine spiralée qui maintiennent le jaune au centre de l’albumen épais.
Le jaune de l’œuf, ou vitellus a une densité moins élevée que le
blanc, c’est pourquoi celui-ci se retrouve ‘en haut’ de l’œuf dans les œufs à
la coque. Il est entouré d’une membrane qui le sépare de l’albumen. C’est la
principale source de vitamines, de minéraux, et d’acides gras essentiels :
il représente un tiers du poids de l’œuf (coquille omise). Il est en majeure
partie composé d’eau (50%), de lipides (35%) et de protéines (15%) telles que des graisses
neutres, des lécithines, du cholestérol, du fer et de la vitamine A.
Le jaune est une
alternance de couches non homogènes composées de granules dispersés dans une
phase continue nommée le plasma. Ces deux couches : jaune profond et jaune
clair correspondent respectivement aux périodes de jour et de nuit de leur
formation.
La petite quantité de gras qu’il renferme, avoisinant les cinq
grammes, est constituée de 52% de graisses insaturées. Les cholestérols
représentent 190mg dans un gros œuf (80g). L'œuf possède donc un certain nombre
de caractéristiques nutritionnelles. Bien qu'il soit relativement peu
énergétique, il contient des protéines parfaitement équilibrées et des graisses
d'intérêt certain quand elles sont polyinsaturées.
Pour prouver
l'existence de protéines dans l'œuf, plusieurs expériences ont été réalisées à
partir d'une solution colloïdale de blanc ou de jaune d' oeuf.
a. tests
- test à la liqueur de
Fehling : un précipité rouge brique montre la présence de glucides réducteurs
(ex : glucose, lactose…) qui ont réduit les ions cuivriques bleus (Cu2+) en
ions cuivreux (Cu+) insolubles.
- test à l'eau iodée : le bleu-violacé indique la présence d'amidon, le brun
acajou celle de glycogène.
- réaction du biuret : une coloration violette montre la présence de protides.
- test au rouge Soudan : les triglycérides se colorent en rouge.
b. Résultats
expérimentaux :
Test du biuret |
Réaction
xanthoprotéique |
|
|
c.
Interprétation :
Sur le blanc d'oeuf (base colloïdale et blanc cuit) : les
tests à la liqueur de Fehling et à l'eau iodée ont donné des résultats
négatifs. Ce qui signifie que le blanc d'œuf ne contient pas d'amidon ni de
dextrine.
Par contre la réaction du biuret met bien en évidence les protéines
présentes (forte coloration violette) : le blanc d'oeuf est donc riche en
protéines. On a voulu vérifier ces résultats à l’aide d’une électrophorèse.
3-L’élèctrophorèse
Principe de fonctionnement
L’électrophorèse est une
méthode d’analyse et de séparation, basée sur la migration différentielle de particules chargées électriquement sous
l’influence d’un champ électrique. Les particules chargées sont séparées par
des vitesses de transport différentes.
Les protéines, molécules amphotères, ont leur charge modifiée en
fonction du pH dans lequel elles se trouvent. Placées dans un milieu basique,
elles acquièrent une charge globale négative et migrent de la cathode (pôle -)
vers l’anode (pôle +). Les protéines se déplacent dans la bande d’acétate de
cellulose sous l’influence du champ électrique, la migration est arrêtée dès
que la séparation est suffisante. On effectue alors une fixation par un
colorant.
a- Matériel et produits nécessaire
-alimentation à
électrophorèse
-bandes d’acétate de
cellulose
-Solution tampon TRIS
-colorant Rouge
ponceau
-décolorant :
solution d’acide acétique 5%
-solution de
transparisation
-acide acétique
à 80% (20ml)
-méthanol
(75ml)
-boîte de cuves
à coloration (facultatif)
-pistolet
séchoir
Cuve à électrophorèse
b- Préparation, mise en place
Filtration
d’un blanc d’œuf
- Filtrer un blanc d’œuf ; conserver la bande
d’acétate de cellulose dans une solution de méthanol à 35%
- Immerger la bande dans le tampon (200ml pour trois bandes)
pendant 15 minutes environ.
- Bien sécher chaque membrane entre deux feuilles de papier
filtre pour éliminer l’excès de tampon.
- Repérer la face absorbante (surface mate) en plaçant le
coin coupé en bas, à droite.
- Placer les membranes sur le portoir (face absorbante vers
le haut). Celui-ci peut accepter 6bandes placées parallèlement, dans le sens de
la largeur. Disposer les membranes de façon à ce que leurs extrémités débordent
d’une distance égale de chaque côté du portoir.
- Positionner les deux fixes-bandes parallèlement au
portoir, les immobiliser grâce aux pinces disposées aux 4 coins de celui-ci.
Les extrémités des membranes seront ainsi serrées entre le portoir et le
fixe-bande.
c- Mode opératoire
MIGRATION
- Remplir de solution tampon la cuve à électrophorèse
jusqu’à mi-hauteur de la cloison centrale. En aucun cas les solutions des deux
compartiments ne doivent entrer en contact direct l’une avec l’autre.
- Disposer le portoir équipé des bandes dans la cuve.
- Tremper l’extrémité de l’applicateur dans le sérum ;
un film de liquide s’établit entre les deux fils parallèles de l’applicateur.
- Pour effectuer le dépôt, appliquer cette partie métallique
bien à plat au contact de la bande. Le dépôt se fait à environ 15mm du bord du
portoir, du côté de la cathode (borne moins et noire) ; la ligne de dépôt
doit se faire perpendiculairement au sens de migration.
- Effectuer les différents branchements et mettre sous
tension : laisser migrer environ 90 minutes.
FIN
DE MIGRATION
- Arrêter l’alimentation et déconnecter la cuve.
COLORATION
- Présenter la face absorbante du cellogel contre le
colorant : important.
- Immerger et agiter immédiatement pendant 5 minutes.
DECOLORATION
- Soumettre le cellogel à 3-4 bains successifs (dans
l’acide acétique 5%) jusqu’à obtention d’un fond parfaitement blanc.
TRANSPARISATION
- Déshydrater le cellogel dans un bain de méthanol, 3 à 5
minutes.
- Immerger ensuite dans la solution de transparisation 1 minute
à 1 minute, en agitant.
- Etendre la membrane sur une plaque de verre très propre (face
absorbante contre le verre).
- Eliminer rapidement les bulles d’air et laisser sécher 1
heure à température ambiante. Il est possible d’accélérer le séchage et
seulement après transparence totale, en plaçant les plaques de verre sous une
source de chaleur 50-60°C
- Laisser refroidir avant de détacher les membranes.
d- Résultats expérimentaux
Nous avons effectué plusieurs électrophorèses, mais aucune n’a donné un résultat correct. Le résultat obtenu n’était pas celui recherché et voici ce que nous avons obtenu.
Sur cette bande on observe la présence de deux protéines la
lysozyme et l’ovalbumine or une troisième aurait dû apparaître, la conalbumine.
Le
blanc d'oeuf est donc constitué de plusieurs protéines dont les tailles et
les propriétés sont différentes.
Après avoir effectué une électrophorèse à partir d’un blanc
d’œuf, nous avons voulu interpréter notre résultat avec le logiciel Mesurim.
MESURIM est un logiciel destiné à faire différents types de
travaux sur les images numérisées :
Pour cela il a fallu numériser une bande d'électrophorèse après
coloration... puis archiver l'image à un format classique (GIF, JPG,
BMP) dans le dossier contenant MESURIM ensuite ouvrir le programme Mesurim et
enfin charger l'image d'électrophorèse. Et voici se que nous avons
obtenu :
Etant donné que nos électrophorèses n’ont pas marché ce graphique
est donc faux, mais nous avons tout de même voulu interpréter notre résultat à
titre indicatif.
Nous constatons la présence de deux pics, le premier
représentant la protéine lysozyme et le second l’ovalbumine. Ce graphique
aurait du représenter trois pics, pour représenter également la
Conalbumine. De plus on aurait dû
constater un pic fortement plus important pour la protéine de
l’ovalbumine.
4-Le centrage du jaune dans le blanc : une affaire de physique
Comment centrer le jaune dans le blanc ? La question semble
idiote, car tous les manuels de biologie montrent le jaune bien au centre du
blanc, tenu par des membranes entortillées, les chalazes. Or, si le jaune est
au centre du blanc avant la cuisson, il devrait s’y trouver en fin de
cuisson... à moins que celle-ci ne provoque un décentrage.
Nous avons donc tenté l’expérience suivante : on fait
bouillir de l’eau dans une casserole, on y dépose l’œuf qu’on laisse cuire dix
minutes
La plupart des œufs finissent avec le jaune décentré. Il faut
observer et expérimenter.
Si le jaune est décentré en fin de cuisson, c’est parce qu’il
n’était initialement pas au centre, ou bien parce qu’il s’est déplacé en cours
de cuisson. Quelle hypothèse choisir ? Comment le savoir, alors que la coquille
nous interdit de voir ce qui se passe à l’intérieur ?
On a voulu visualiser le phénomène en mettant dans un simple
verre étroit, on verse quelques blancs d’œufs et un jaune... et l’on voit ainsi
le jaune flotter à la surface du blanc.
Pourquoi le jaune flotte-t-il sur le blanc? D’après les
expériences d’Hervé This si l’on fait chauffer doucement et longtemps une masse
de blanc, il ne laisse qu’une feuille sèche, essentiellement faite de protéines
: 90 % de la masse s’est évaporée, car c’est de l’eau (on pourra la condenser
sur un bol froid ou sur un couvercle). Même opération avec le jaune : il ne perd
que 50 % de sa masse sous forme d’eau ; le reste est constitué de lipides (35
%) et de protéines (15 %). Les graisses flottant sur l’eau, le jaune tout
entier flotte aussi.
Et les chalazes, qui auraient maintenu le jaune au centre du
blanc ? On confirmera l’erreur des dessins de manuels en tenant un œuf cru en
position verticale et, à l’aide d’un couteau pointu, en ôtant une calotte, au
sommet : on verra alors le jaune flotter à la surface de l’œuf. Pas étonnant
qu’il soit décentré : quand l’œuf est sur le flanc, dans la casserole, le jaune
monte vers la partie supérieure et reste figé dans cette position. Comment
obtenir des jaunes centrés ? Tout simplement en faisant rouler les œufs dans
l’eau, en cours de cuisson, à l’aide d’une cuiller en bois.
|
LE CAS DE L'OEUF D'OIE : voir http://www.chefsimon.com/odp.htm lors de la cuisson
l’œuf d’oie est automatiquement centré |
1. Principe de l’émulsion
Une
émulsion est une dispersion d’un liquide ou gaz dans un autre liquide. Pour que
cette dispersion soit classée dans la catégorie des émulsions, il faut
qu’elle soit stable, c’est à dire que
les deux phases mélangées ne reforment pas
naturellement deux phases distinctes.
Dans toute émulsion, il faut donc un agent qui permette de
garder les gouttelettes dispersées malgré les forces gravitationnelles ;
ce sont des molécules tensioactives qui vont jouer ce rôle. En cuisine,
celles-ci sont des protéines qui possèdent un pôle hydrophile (affinité pour
l’eau) et un pôle lipophile (affinité pour les lipides). Ces molécules
tensioactives permettent donc la formation de gouttelettes stables : les
micelles ; elles rendent le blanc de l’œuf visqueux et stabilisent les
bulles d’air introduites.
L’œuf est particulièrement riche en protéines tensioactives,
aussi bien dans le jaune que dans le blanc. Si il est plus dur
d’obtenir des émulsions à partir de jaune d’œuf, cela vient du fait que les
lipides contenus dans le jaune viennent se placer sur les pôles lipophiles des
protéines et rendent ainsi l’émulsion plus difficile à obtenir.
En revanche, quand la mousse est bien formée,et que les
protéines des blancs se sont liées entres elles,correctement réparties à
l’interface « eau – air » (C'est-à-dire à la limite de l’eau et de
l’air),les lipides des jaunes peuvent être ajoutés sans dommage : la place
est prise.
2. Exemple d’émulsion de l’air dans l’eau : une
micelle
3. Exemple de mousse : les blancs en neige
A partir du blanc d’œuf on peut
obtenir des blancs en neige qui sont une mousse (c’est à dire une dispersion
d’un gaz dans un liquide) et un foisonnement (augmentation du volume par ajout
d’air). Lors de la préparation, le battage du blanc permet la dénaturation des
protéines et l’incorporation de l’air dans la solution. Cette action mène les
protéines à former un film qui stabilise la mousse en petites bulles.
battage
>
4. Du sel ? de l’acide pour faciliter la montée des blancs ?
On conseille bien
souvent de battre les blancs en neige
après leur avoir ajouté un peu de vinaigre ou de sel : cet
ajout faciliterait la levée de la mousse et affermirait les blancs en neige
.Est-ce exact ?
En présence d’acide, les protéines se repoussent moins (par une réaction entre
les atomes d’hydrogènes et d’oxygènes que nous avons eu du mal à comprendre).
C’est pour cette raison que l’on cuit des œufs à la coque dans une eau
légèrement vinaigrée : en cas de fissure, le blancs coagule aussitôt,
parce que ses protéines ne se
repoussent plus ; les brèches sont colmatées. Le sel agit de façon
identique, mais il ne modifie pas la dissociation des protéines.
EXPERIMENTATION PERSONNELLE SUR LE
DEVELOPPEMENT DES BLANCS D’ŒUFS
Pour cette
expérience nous avons choisi de tester différentes méthodes de
battages des blancs en neige, en mettant en présence les différents additifs
réputés favoriser le développement et la tenue des blancs.
Pour
procéder, nous avons monté une première fois les blancs au fouet de manière
classique puis une deuxième série dans
les mêmes conditions mais en montant tout au batteur mixeur.
Ici, nous ne
faisons pas de conclusions, seulement
des observations et des constats
personnels…
Après avoir
monté les différents blancs selon les différentes méthodes et les additifs
(voir tableau) et après avoir attendu que ceux-ci retombent, nous avons remonté chaque masse de blancs au mixeur et
avons obtenu de manière identique le même développement.
PROTOCOLE EXPERIMENTAL
Conditions
160 gr de
blancs d’œuf.
Tests avec
différents additifs (voir le tableau) et de différentes manières (manuellement
et mécaniquement à l’aide d’un mixer).
- Premier
travail au fouet classiquement
- Deuxième
travail mécaniquement au mixer (sans
ajout d‘autres éléments).
Le repos (une
heure) ne permet pas un nouveau travail du fait du dessèchement (coagulation)
de surface, en revanche les blancs récupérés acceptent un nouveau foisonnement
quoique moins élevé.
Evolution du battage des blancs en neige
Voici un tableau de résultats provenant de http://chefsimon.com/
Additifs |
Monté au fouet à main |
Remonté au batteur électrique |
Repos 1 h Fragilité |
Acide citrique |
Bonne montée |
Très bien |
Fragile |
Jus de citron |
Très développé, montage rapide, ferme |
identique |
identique |
Citron et sel |
Montée rapide, bonne tenue et souple |
identique |
identique |
Sel |
Graine vite, mousse fragile, bon développement |
identique |
identique |
Crème de tartre |
Mousse très ferme, très beau développement spectaculaire |
identique |
identique |
Bicarbonate de soude |
Monte très vite,
mousse fragile |
identique |
Très fragile |
TEMOIN |
Ferme et bonne tenue, développement impressionnant |
identique |
Très humide et fragile |
On peut dire qu'au fond
la qualité remarquée des blancs montés est surtout fonction du mouvement propre.
Concernant les additifs, nous serions
tenté de dire que le jus de citron seul offre un résultat dépassant tous
les autres. En revanche le sel semble accélérer la retombée des blancs. Le
bicarbonate de soude apporte une montée rapide mais développe un grainage
étonnant ; le sel dans une mesure relative apporte aussi un grainage.
Blanc d’oeuf
Blanc en neige
1. la dénaturation et
coagulation
« Pourquoi l’œuf durcit-il quand on le cuit? »
La physico-chimie de
l’œuf explique pourquoi il durcit.
Les protéines sont des
molécules analogues à des longs fils, souvent repliées sur elles-mêmes en
raison des forces qui s'exercent sur les atomes. Elles sont formées de plus de
60 acides aminés (macromolécules) liées chimiquement les unes aux autres par
des liaisons hydrogènes peu résistantes.
Quand on les chauffe,
ces liaisons se brisent et, comme un atome ne peut pas rester avec une liaison
non occupée, de nouvelles liaisons s'établissent avec des molécules voisines,
créant ainsi un réseau. Si le chauffage se poursuit, l'eau de cuisson s'évapore
et la masse coagulée se durcit.
Comme la cuisson du
jaune ressemble à celle du blanc, nous considérerons donc seulement le blanc
d’œuf. On le chauffe en mesurant la température, et l’on observe que, vers
62°C, le liquide devient solide. On dit que l’œuf a coagulé, ou bien encore
qu’il a cuit. Mais qu’est ce que cela signifie ?
coagulation :
phénomène
par lequel un liquide se prend en une masse solide.
floculation : précipitation d’une solution en
flocons (=amas léger).
Le blanc d’œuf est composé d’eau et de molécule de protéines. Le
blanc cuit est un gel, c’est-à-dire un réseau qui piège l’eau. Les protéines
qui s’enchaînent forment le réseau.
La coagulation des protéines est le premier phénomène de la
cuisson, mais, à plus haute température, l’eau s’évapore : quand on fait
l’expérience de cuire à 100°C, on voit la vapeur s’élever, et on voit aussi que
le blanc cuit ainsi devient caoutchouteux, puis dur. En pesant, on peut
démontrer que de l’eau est perdue.
L'aspect et la consistance d'un oeuf cuit dur à 100°C et un oeuf
cuit dur à 70°C
|
|
Le jaune
est crayeux et jaune |
Le jaune
est orange et très crèmeux |
A ce stade, on a compris la constitution de l’œuf cuit, mais on
n’a pas encore compris pourquoi les protéines se lient. Les protéines du blanc
d’œuf contiennent des atomes de soufre, et les atomes de soufre de deux
protéines adjacentes peuvent se lier. Ces liaisons assurent la cohésion du gel.
Pour le démontrer, on peut couper les liaisons entre atomes de soufre, ce qui
devrait redonner l’œuf liquide : on procède à une décuisson et on conclut
que ces « ponts disulfure » sont bien responsables de la cuisson de
l’œuf.
L’œuf peut être décuit : expérience menée par David
Marseault Enseignant chercheur HEI-Lille : http://chefsimon.com/oeufdec.htm
Un œuf est constitué de longues chaînes de protéines en solution
dans l’eau. Dans, le jaune on trouve également des matières grasses, ce qui le
rend moins dense et qui font qu’il il flotte à la surface du blanc (exemple de
l’œuf à la poêle)
La cuisson est en réalité une coagulation. Les chaînes des
protéines se déroulent sous l’effet de la chaleur, ce qui explose les atomes de
souffre normalement enfouis bien a l’abri, au cœur de la protéine.
Or, deux atomes de souffre ont tendance à se lier, sous la forme
d’un pont disulfure. Ainsi toutes les protéines se collent les unes aux autres
en un réseau très dense, en emprisonnant les molécules d’eau : c’est
pourquoi l’œuf passe de l’état liquide à l’état solide.
2. Quelques conditions de cuisson ,leur influences…
Pourquoi le jaune cuit-il après le
blanc ?
Pour deux raisons simples : le blanc coagule à 60°C et le jaune
à 68°C, le blanc
absorbe l’énergie et sert d’isolant au jaune. Pour un œuf moyen, il faut 3 a 4
minutes pour que la surface du jaune atteigne la température de 68°C.
Si l’on poursuit la cuisson à une température trop élevée, le
jaune se cercle de vert .en effet les protéines de l’œuf libèrent leurs atomes
de souffre qui vont s’associer à de l’hydrogène pour former de l’hydrogène
sulfuré donnant une couleur verte caractéristique ainsi qu’une forte odeur
désagréable « d’œuf pourri » pour éviter ce problème , il suffit
de chauffer l’œuf plus longtemps à une température moins élevée : inférieur
à 100°C (pour éviter l’évaporation de l’eau) et supérieur à 60°C (pour
permettre la coagulation des protéines)
Œuf et vinaigre : un tandem particulièrement
effervescent. Nous avons tenté de mettre des oeufs crus dans un acide
.L’expérience n’est pas difficile à réaliser il suffit d’un bol, d’un œuf et
d’un peu de vinaigre. Dès que celui-ci est versé, on voit la surface de l’œuf
se couvrir de petites bulles qui grossissent et se détachent : l’acide
acétique du vinaigre, (composé d’autres acides en quantités inférieurs comme
l’acide formique…) réagit avec le carbonate de la coquille pour former un
composé gazeux : le dioxyde de carbone .Nous avons trouvés la preuve de ce
que nous avançons à travers une expérience qui a été réalisée par une
école : le fait de surmonter l’œuf effervescent d’un petit entonnoir , lui
même surmonté d’un petit tuyau de caoutchouc de façon que les gaz récupérés
aillent troubler de l’eau de chaux.
Une heure environ après avoir placé l’œuf dans l’acide, une peau
rouge se détache si l’oeuf présente une couleur rosée. Le lendemain, la
coquille a disparu, l’œuf est devenu mou et transparent :
L’œuf et le
vinaigre.
L’œuf dans le
vinaigre au bout de deux jours.
L’œuf après
une semaine dans le vinaigre ? Au toucher l’œuf est gélatineux, il n’a
plus de coquille et il est devenu bordeaux.
L’œuf après
ouverture.
Voir également http://chefsimon.com/binocle13.htm
L’œuf cuit à l’alcool : Si on fait l’expérience
simple qui consiste à verser de l’alcool sur un œuf (dépourvu de coquille) on
observe que l’œuf cuit.
On verse l’alcool sur un oeuf
L’œuf cuit instantanément
Le jaune reste coagulé
En effet,
l’acidité favorise la coagulation, parce qu’elle ouvre les protéines et facilite
leur association, (c'est-à-dire la coagulation). L’acidité a le même
effet sur les protéines que la chaleur : elle les coagule .Ainsi les deux
effets se cumulant, la surface du blanc
prends immédiatement et permet à l’œuf
de conserver sa forme. Le sel a des effets similaires. Les œufs à la coque se
fissurent souvent à la cuisson en
raison de l’augmentation de pression de l’air qu’ils contiennent.
Solution : saler ou acidifier l’eau pour que le blanc coagulé colmate immédiatement
la fissure
Nous avons
découvert au cours de nos recherche un œuf tout à fait particulier qui nous
a fortement surprises nous n’avons que
très peu de renseignement sur sa composition ainsi que sur sa formation mais
nous avons eu envie de tenter l’expérience de créer un « œuf de 100
ans »
L’ŒUF DE 100 ANS
Ces « œufs
de 100 ans » sont fabriqués en Asie. Cette curiosité culinaire s’obtient par
une longue métamorphose des œufs crus
maintenus enfouis dans des emplâtres de paille, d’argile, de cendres ou de
chaux.
Le chimiste
détecte que toutes les recettes font usage d’une base. En utilisant une
bandelette de papier pH on peut mesurer le degré d’acidité (ou d’alcalinité)
d’une solution de chaux, ou d’hydroxyde de calcium, et celle d’une solution
filtrée de cendres, lesquelles contiennent de la potasse, ou hydroxyde de
potassium.
On constate
que le pH est compris entre 7 (milieu neutre) et 14 (solution très basique).
Autrement dit, la méthode chinoise est une façon de conserver les œufs à partir
de produits alcalins, plus rapidement dits de base.
Conclusion
La composition
de l’œuf confère donc à cet aliment des propriétés chimiques et physiques
souvent exploitées en cuisine ; telles les émulsions qui permettent de donner
du volume (cf. les mousses). Les protéines présentes dans l’œuf sont également
transformées sous l’action de la chaleur ou de l’acide afin de lier différents
aliments et de développer des nouveaux arômes. Par ailleurs, ces deux
phénomènes peuvent être exploités successivement comme dans le cas de la
meringue ou du soufflé, qui est obtenu à partir d’une émulsion puis stabilisés
par une coagulation
Bibliographie
Hervé This Les secrets de la casserole.
BELIN
La Vie et la
Terre .1èreS. ISTRA
Physique
Chimie. HACHETTE
L'oeuf extraordinaire - La valeur
nutritive de l'oeuf.htm. http://www. canadaegg.ca
Didier Pol. Manuel de
travaux pratiques
Logiciel Rasmol. CNDP
Site du chef Simon http://chefsimon.com/
PETITE BLAGUE SANS HISTOIRE
-Quel est le dessert préféré en hiver?
Les oeufs à la neige.
-Comment les oeufs traversent-ils la rue?
D'oeufs par d'oeufs.